Nous avons construits depuis des temps illustres nos maisons et nos villages au bord de l’eau. De la plus simple construction, à la plus importante nous avons la nécessité d’être proche de cette ressource. Elle est bien plus qu’une ressource matérielle, et elle est devenue cruciale dans la course effrénée de notre société « moderne ». Je ne lance pas dans un écrits écolo-contestataire du libéralisme galopant, je vous rassure.
La rivière est pour moi, un élan de poésie et de méditation. De mes souvenirs les plus lointain, l’eau est présente. J’ai en mémoire ses couleurs, son courant qui vient marqué des ondulations au contact des roches ; la palette de tonalité des sables et gravières. Son microcosme, avec sous les blocs de minéraux les portes bois, dans les fonds ou algues les gammares et nymphes, ont été autant de moment d’observation lorsque nous récoltions avec nos bocaux. Et c’est dans les années 80, enfant, que je découvre d’où vient l’eau de ma rivière.
Penser qu’une pluie battante s’est abattue sur une vallée et une plaine, il y a des décennies pour alimenter les sources, cela vous change un gamin. Penser qu’en ce temps, sous cette pluie, un homme a travaillé à son métier de paysan, d’artisan. Que cette eau nous revient aujourd’hui, dansante et chantante dans le lit de notre rivière. Lorsque que je vais près de mes rives, voilà qu’elles sont mes pensées, à ce présent ancré dans le passé, à ce pont qui enjambe deux rives du temps. Peut-être que si je me fige, si je me mets à l’écoute, ma rivière me glissera quelques paroles de ces hommes. Je sais que bien de mes prédécesseurs l’ont regardé avant moi, que cette eau poursuivra son histoire vers nos enfants lorsque je serai depuis longtemps disparu. Alors j’attends dans une disponibilité de pensées que les minutes s’égrainent, du lever du jour aux premières éclosions, car dans ces moments tout est possible. Aux côtés de ma rivière, je me sens simplement être présent.